Introduction
L’épisode de la femme adultère, rapporté dans l’Évangile selon saint Jean (Jn 8,1-11), suscite une question importante : Jésus, en empêchant la lapidation d’une femme surprise en adultère, a-t-il aboli la Loi de Moïse ? En effet, la Torah ordonnait que les adultères soient punis de mort ( Lv 20,10 ; Dt 22,22). Or, Jésus dit à la femme : « Je ne te condamne pas non plus. Va, et ne pèche plus. » (Jn 8,11). Cette réponse semble s’opposer à la rigueur de la Loi. Cependant, une lecture attentive montre que Jésus n’abolit pas la Loi, mais **la mène à son accomplissement dans la vérité, la miséricorde et la justice parfaite.
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Jésus n’abolit pas la Loi, il l’accomplit
Jésus lui-même déclare dans le Sermon sur la Montagne : « Ne croyez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes ; je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17)
Cela signifie que Jésus donne à la Loi sa pleine signification spirituelle. Il ne la contredit pas, mais l’élève à un niveau supérieur, fondé non sur la lettre seule, mais sur l’amour, la vérité et la conversion intérieure.
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Les conditions de la Loi n’étaient pas respectées
Dans le cas de la femme adultère, les scribes et les pharisiens ne respectent pas pleinement la Loi :
- La Loi exige que l’homme et la femme soient punis ensemble ( Dt 22,22), mais ici seul la femme est amenée.
- Il fallait deux ou trois témoins dignes de foi pour prononcer une condamnation (Dt 17,6).
Jésus met en lumière leur hypocrisie en disant : « Que celui d’entre vous qui est sans péché soit le premier à lui jeter la pierre. » (Jn 8,7)
Ainsi, Jésus démasque l’injustice de leurs intentions : ils utilisent la Loi non pour défendre la sainteté, mais pour piéger Jésus.
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Jésus
ne nie pas le péché mais offre la miséricorde
Jésus ne minimise pas la faute: il ne dit jamais que l’adultère n’est pas un péché. Au contraire, il invite la femme à se détourner de sa vie passée :
« Va, et désormais ne pèche plus. » (Jn 8,11)
Il incarne ainsi la justice de Dieu tempérée par la miséricorde, comme le prophète Osée l’annonçait :
« Car je veux la miséricorde, et non le sacrifice, la connaissance de Dieu plus que les holocaustes. » (Os 6,6)
Conclusion
Jésus n’abolit pas la Loi mosaïque dans l’épisode de la femme adultère. Il en révèle l’esprit véritable : une Loi faite pour conduire à la sainteté, à la conversion et à la vie, non pour être instrumentalisée dans l’hypocrisie ou la condamnation sans espoir. En refusant une exécution injuste, Jésus honore la Loi tout en la transfigurant par la grâce, réalisant pleinement sa mission :
« Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »* (Lc 19,10)